Comment Entreprendre Sans Esclave ?

C’est la question qu’ont certainement dû se poser nos aîné.e.s.

Abolir l’esclavage est une révolution qui a dû mettre à mal bien des business model de l’époque (et modifier pas mal le marché du travail).

Et aujourd’hui, il nous incombe de nous reposer cette question, plus que jamais.

La France, comme la plupart des pays occidentalisés, a appris à entreprendre dans un 21ème siècle où les esclaves sont une main d’oeuvre incroyablement bon marché et disponible dans des quantités absolument g i g a n t e s q u e s.

En 2011, on comptait pas moins de 426 esclaves par personne, pour un français moyen.

(et c’est sans compter les esclaves humains qui se font exploiter dans des conditions inhumaines en Afrique ou en Asie pour extraire des ressources ou fabriquer des babioles)

De quoi est ce que je parle ? Des esclaves ? En France ?! 426 par personnes ?!?

Oui, ces esclaves nous sont invisibles.

Ce sont des “esclaves énergétiques” (voir Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclave_%C3%A9nerg%C3%A9tique ).

Le problème avec cet esclavage ?

Il n’en pas tant moral que ça.

(enfin si, mais nous verrons ça à la fin de cet article)

Vous l’avez compris ces esclaves sont des machines se nourrissant d’énergie non comestibles par Homo Sapiens : charbon, pétrole, gaz, charbon, gravité, soleil, uranium, méthane, branches broyées – biomasse, vent, volcans.

Et tant qu’une machine n’a pas de conscience, on peut se permettre de l’exploiter sans faire de mal à personne (à condition bien évidemment de la nourrir d’énergie, sinon elle refuse de travailler !)

Les entrepreneurs de tous temps se sont donc empressés d’acquérir et d’exploiter ces esclaves, dans un nombre défiant toute l’imagination de nos aïeux moyen-ageux.

Je vous laisse imaginer le nombre d’esclaves nécessaire pour pousser un avion à la vitesse du son,

Ou le nombre d’esclaves énergétiques ouvriers s’affairant à remplacer une grue lors de la construction d’un building,

Ou encore le nombre d’esclaves énergétiques paysans poussant les tracteurs et actionnant à la main une moissonneuse batteuse sur des hectares de culture.

Et c’est sans parler des esclaves qui jouent au “pousse pousse asiatique” et transportent dans leur carriole des produits à travers le monde entier (faut combien de “pousse pousse” pour déplacer l’équivalent d’un camion ? combien de galériens pour un porte-conteneurs ? )

Bref.

Nos entrepreneurs, tous autant qu’ils sont, sont d’abominables esclavagistes énergétiques.

Mais bon… rien de bien grave vous me direz.

On en a plein des esclaves, alors profitons en.

Hmmmphh…..

En fait si, y’a un problème (et même plusieurs).

Premièrement, le régime carboné de nos esclaves leur donne d’affreuses flatulences : ils pètent, à longueur de journée, du CO2. 

(inutile de vous rappeler le désastre climatique que ça va générer : +5°C, c’est le même écart qui nous séparait de la dernière ère glacière – déserts de glace, mammouth et compagnie, autant dire qu’à seulement +3°C vous ne reconnaîtrez même pas l’endroit où vous êtes né!)

Ca va si nos machines esclaves mangent de l’uranium, du vent, de l’eau en gravité, du soleil, des vagues ou du volcan.

Mais généralement, leur régime est à 80% fossile.

Et d’autre part, nos esclaves ont faim.

C’est normal me direz-vous, vu les tâches herculéennes qu’on leur demande (un simple tracteur / tractopelle mériterait le titre de héro mythologique – oui, appelez votre pelleteuse demi-dieu « Achille »).

Sauf que… on épuise leur stock de nourriture à un rythme effréné.

Malheureusement, faire de la production de nourriture “renouvelable” est largement insuffisant devant leur appétit gargantuesque (il faudrait diviser leur nombre par 10).

Croire qu’on peut faire un potager renouvelable pour nourrir nos esclaves énergétiques, c’est espérer tenir toute une année avec 4 plants de tomates, 5 salades et un pommier.

Dangereuse idée (à moins de se mettre drastiquement au régime).

Nos esclaves vont bientôt mourir de faim.

C’est une bonne nouvelle pour le climat : moins il y a d’esclaves vivants dans le monde, moins il y a de “pets de CO2”.

Mais c’est une mauvaise nouvelle pour nous en tant que société :

Comment un pharaon construit-il ses pyramides sans esclave ?

Jusqu’où vont nos marchandises sans personne pour tirer nos pousse-pousse ?

On touche là un problème fondamental.

On sait que l’on doit abolir l’esclavage (par nécessité ou morale).

Mais on ne sait pas faire « civilisation » sans leur soumission.

Si on veut changer le monde, il faut changer son économie et ses usages.

Il faut changer ses entreprises et ses entrepreneu.se.s.

Comment entreprend-on dans un monde sans esclave à disposition (alors qu’on s’est habitué à en avoir 426 qui nous suivent partout) ?

Pas évident.

Cléopâtre n’aurait pas aimé qu’on lui supprime son confort. Et nous non plus.

Il n’y a pas de réponse facile, ni de recette miracle.

Mais il y a des pistes, des méthodes, des modèles mentaux à adopter.

L’une d’entre elles, la plus féconde : en se posant la question de l’utilité, comme si chaque action demandait VRAIMENT qu’un ou plusieurs esclaves se tuent à la tâche pour nous.

Est ce que cet objet, fabriqué par des esclaves, en vaut vraiment le coup ?

Peut-être que oui.

(on est tous très contents d’avoir des IRM quand le cancer pointe le bout de son nez)

Peut-être que non.

(déplacer et fabriquer une grosse voiture pour le plaisir de jouer avec et la comparer à celle de son voisin… bof)

NB: Pour 1 litre d’essence, vous avez les services de 2 esclaves pour la journée. Pour un plein, vous les faîtes travailler d’arrache pied pendant 2 mois (!).

Ca vaut le coup ?

En tout cas, une chose est sûr, une grande partie de ces esclaves va mourir de faim un jour ou l’autre (ceux qui se nourrissent d’énergie fossiles).

Et je ne sais pas vous, mais moi, en tant qu’entrepreneur…

 je n’ai aucune envie de faire reposer mon business sur une quantité trop importante d’esclaves pouvant me claquer entre les doigts.

Exit les pousse pousse sur des milliers de kilomètres.

Exit les extractions de matières premières et leurs transformations gloutonnes.

Exit ce qui ne se répare pas en un clin d’oeil ou qui se jette.

Si je veux être un chef d’entreprise, je veux être un “pharaon avisé” qui n’exploite pas trop d’esclaves.

C’est bien mieux au niveau de l’éthique.

On ne participe pas à l’anéantissement du monde par catastrophe climatique.

Et c’est beaucoup plus résilient en cas de famine énergétique.

Nous, au moins, nous aurons appris à produire de manière sobre, sans trop d’esclave à nourrir.

Les entrepreneurs aux esclaves limités sont à la fois des exemples héroïques,

Mais ils et elles sont aussi des gens sur qui l’on pourra compter quand les temps seront durs (pendant un pic pétrolier par exemple – qui ne devrait d’ailleurs pas tarder – 2020 ?).

Decarbonize or Die

Il est temps de mettre au monde des entrepreneu.se.s conscient.e.s de l’esclavagisme énergétique.

Il est temps d’entreprendre en rendant sa chaîne de valeur décarbonée : non pas pour être invité dans les salons greenwashing, mais bien pour survivre et être utile.

De la même manière que l’économie des Etats-Unis s’est transformée lors de l’abolition de l’esclavage, la nôtre doit se transformer en diminuant drastiquement son besoin en esclaves énergétiques.

De nombreuses pistes s’ouvrent à nous, entrepreneurs (présents ou futurs)

Les moyens de production Low-Tech, l’économie de l’usage, le local, la permaculture sont autant de champs des possibles pour entreprendre.

Mais pour ça, il faut passer à l’action.

Les entreprises ne se créent pas toutes seules.

Il faut des hommes et des femmes courageuses qui quittent la promesse d’un job confortable pour partir à l’aventure entrepreneuriale.

Il faut du courage. Mais je vous rassure, pas besoin d’être un super héro pour “créer sa boîte” (à part peut-être si vous voulez faire des milliards).

Entreprendre une entreprise à taille humaine est à la portée de tout le monde.

C’est plus facile qu’on ne le croit.

Suffit de bien s’entourer, suivre les principes de l’effectuation et son « patchwork fou »*, et ne rien lâcher.

Alors au boulot.

Nous sommes celles et ceux que nous attendons.

Demandez à rejoindre ce groupe de “Low-Tech Enthousiastes” pour voir à quoi ressemble l’économie “sans esclave”.

= > Et partagez cet article pour faire passer le mot au-delà de notre réseau de Résistance : “le monde change, à nous de jouer”.

Nous devons réinventer le tissu économique.

Comment Entreprendre Sans Esclave ?

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