Ces mondes qui s’écroulent

Hier, j’ai eu mon tout premier accident de voiture.

Un gars drogué (y’avait des seringues dans la portière) et en état d’ébriété (à 21h…) a grillé un feu rouge alors que je démarrais sur mon feu vert.

Heureusement, plus de peur que de mal, on est pas mal en sécurité dans un van aménagé (plus haut et plus lourd qu’une simple voiture),

Et comme je suis pas du genre nerveux du volant, je n’ai pas accéléré pleine balle après le feu vert, du coup le choc a été sur l’avant du van (et non sur la portière).

Mais ça fait un choc.

Et depuis, je ne cesse de me revoir la scène.

Les trajectoires, le point de vue qu’à du voir l’autre pauvre type (il m’a vraiment fait de la peine, même si c’est un enfoiré qui aurait pu tuer des gens),

Pourquoi j’ai cru qu’il s’arrêtait alors que non,

Et tous les scénarii possibles.

Et si la vitesse avait été plus grande et que j’avais accéléré une demi seconde plus tard ?

Et si il y avait eu cet ami (que je venais de déposer chez lui) côté passager et qu’il s’était retrouvé broyé ?

Et s’il y avait un siège auto avec un bambin à l’intérieur ?

Il y a beau avoir toutes les preuves du monde que je n’étais pas en tort, je me sens quand même responsable :
j’aurai dû ne pas faire confiance à l’environnement (feu vert), j’aurai dû ne pas faire confiance à la possible bêtise, folie ou cessité des autres.

C’était moi le capitaine à bord et tout aurait pu être plus grave.

« Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme »

Alors pourquoi je vous parle de ça ?

Parce que l’imagination est le plus formidable des outils pour entreprendre quelque chose,

Pour que certains d’entre vous se projettent dans le pire et trouvent un moyen d’y survivre dans le présent,

Parce que je me refais le film de cette colision toutes les 42 secondes,

Parce que j’ai eu de la chance et que, malgré tout, j’ai eu le sentiment que le monde se déliait sous mes pieds.

Je ne sais pas ce que le garagiste va dire pour mon van,

L’ironie veut que ce mois ci était le dernier jour de paiement du crédit…

Et c’est peut être la fin de nos aventures ensemble.

C’est un bout de mon monde qui s’effondrera peut être,

Tout comme il aurait pu s’effondrer complètement en jetant les dés du sort différemment ce soir là pour définir les compteurs d’énergie cinétique et les points d’impacts.

Pour le criminel qui était au volant de l’autre véhicule, le monde aussi s’est effondré,

Un gars qui ne parle pas la langue française,

Qui s’enfuie plusieurs fois, pour revenir 1h plus tard,

Et qui se prend la tête dans les mains sans un mot en laissant deviner un « mais qu’est ce que j’ai fait… ». Paniqué. Voulant à tout prix s’échapper de la réalité comme on se réveille d’un mauvais rêve.

Nos mondes qui s’effondrent,

En partie ou totalement,

Qu’on le mérite ou non,

On en vit ou en vivra tous.

Chacun d’entre nous vivra ces passages de 1 à 0.

Le bruit sourd… le cerveau incapable de penser à ce qu’il faut faire (s’il n’a pas eu de procédure au préalable)

De vagues réflexes.

On ne comprend pas.

Les instructions des pompiers et policiers,

La paperasse à laquelle on ne comprend rien,

Les automatismes alors que l’esprit revit la scène constamment.

J’ai eu la chance d’avoir des amis qui viennent donner un coup de main.

J’ai eu la chance qu’il n’y ai pas de dommages corporels (quelle panique sinon !)

Et le lendemain on pensera que c’était un mauvais rêve.

On n’osera pas se lever.

« S’il vous plait, pas ça. »

Mais l’affreux coup du sort ne négocie pas.

Je l’imagine tantôt empli de regrès « arf, cet humain ne méritait pas ça, mais c’est trop tard maintenant »

Tantôt sans pitié, froid : « c’est comme ça »

Rarement joueur : « voyons voir comme il va se sortir de ça l’humain »

Le monde s’écroule.

Et on n’y peut pas grand chose.

Une part de nous, une part du monde, meurt pour toujours.

Peut être qu’autre chose la remplacera.

Peut être pas. Juste un grand vide. Ou plutôt, un souvenir qu’on espèrera heureux.

Tout aurait pu être mille fois plus grave, et je parle comme si c’était le cas.

Peut être pour me (vous?) préparer au pire qui, un jour, viendra forcément.

Pour certains, ce sera un projet entrepreneurial qui foire lamentablement,

Pour d’autres une relation amoureuse qui se déchire,

Un rêve qui s’éteint,

Une maison ou une forêt qui brûle,

Des étoiles ou des individus, humains ou non humains, qui s’éteignent, avec une violence toujours inouïe.

Inconcevable.

Et devant cet abîme, un premier réflexe : abdiquer, se rendre, fatigué (comme dirait Renaud ou John Caffey).

Et un second : se relever.

Parce que le monde, incroyablement, ne s’est pas arrêté de tourner.

Inconcevable.

« Le vent se lève, il faut tenter de vivre ».

Alors on se relève.

Et malgré cet abîme de tristesse dans lequel on pourrait se perdre chaque jour pour mille raisons on ne peut plus sérieuse,

Il faut continuer à avancer.

Certains jours nous recevrons plus de coups de couteaux que les autres,

D’autres nous vivront des sorties miraculeuses des grands déserts,

Le vent se lève, il faut tenter de vivre.

Et surtout, malgré tout ça, ne rien lâcher.

Fatigués si vous voulez.

Mais bordel on lâchera pas.

Quelles que soient les causes, les rêves et les infinies tristesses,

On est fait de cet acier qui dure.

A demain.
Maxence

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