Ikigaï, la nouvelle arnaque ?

C’est vrai que l’Ikigaï, ça donne envie.

L’Ikigaï, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un petit point très tendance, à l’intersection des quatres domaines essentiels de la vie :

  • Ce que vous aimez
  • Ce pour quoi vous êtes doué
  • Ce pour quoi vous êtes payé
  • Ce dont le monde à besoin

Un petit point qui serait notre raison d’être, notre joie de vivre.

Une fois trouvé, on s’imagine complètement aligné avec soi-même et véritablement heureux.

On s’imagine passer toutes nos journées le sourire aux lèvres parce qu’on fait ce qu’on aime.

On s’imagine fier, le torse bombé, et reconnu parce qu’on fait quelque chose d’utile.

On s’imagine félicité pour la qualité de notre travail et notre expertise.

On s’imagine sans problème d’argent, et pourquoi pas riche, tellement nos clients sont contents.

Ca fait rêver, pas vrai ?

Toute la pyramide de Maslow grimpée en un clin d’œil parce qu’on a trouvé CE job extraordinaire.

Elle est pas belle la vie ?

Sauf qu’il y a un détail qu’on nous dit rarement.

Ben oui, ça ferait tâche…

Dans la philosophie japonaise, il est conseillé de trouver son Ikigaï le plus tard possible.

Et ne surtout pas naître avec (n’en déplaise à tous les impatients qui auraient voulu naître avec une cuillère d’argent dans la bouche).

Un peu à l’opposé de ce qu’on nous sert habituellement.

Selon les « inventeurs » de l’Ikigaï, il faut passer sa vie à le chercher, et c’est seulement lorsqu’on sera vieux et tout ridé que l’Ikigaï se présentera à nous.

Comme un coucher de soleil à l’aube de notre vie.

Et c’est à ce moment là seulement que vous pourrez vous endormir avec le sourire aux lèvres en vous disant que vous avez bien vécu.

Argh.

Nous autres, Occidentaux, la patience c’est pas vraiment notre truc.

On aime bien avoir tout, tout de suite, surtout le bonheur et le plaisir.

On le veut MAINTENANT notre Ikigaï.

On veut être heureux tout de suite.

Alors, que ce soit à cause de la crise de la quarantaine, ou parce qu’on est Millenial, on part “en quête de sens”.

Je sais de quoi je parle, je suis un Millenial.

Un gars de la génération Y, un de ces gamins qui changent de boîte comme de chemiseparce qu’ils ont l’impression de ne pas avoir d’impact.

Ceux qui sont idéalistes et instables, impossible à manager.

Nous, on veut des toboggans et des escapes game, des tournois de foot et du “bien vivre au travail” avec un Chief HAPPINESS Officer qui nous commande des sushis pour midi.

On critique les vieux de l’ancien monde parce qu’ils ont pas réussi à trouver leur Ikigaï et qu’ils veulent à tout prix qu’on collectionne les burn out, bore out ou brown out (ça commence à faire beaucoup).

On aime pas les bullshit jobs, pas plus que les grosses entreprises.

On veut donner du sens à notre vie.

On veut exprimer notre potentiel….

On veut…

Et…Blah blah blah.

Vous connaissez la chanson.

Ça fait mille fois que vous l’entendez.

Bien-sûr, il y a du vrai là-dedans.

Mais ce qui me dérange, c’est que ça nous donne un peu des airs de gamins capricieux et égoïstes.

On veut être heureux, quitte à envoyer balader tous les employeurs qui se trouvent “de l’autre côté de la rue”.

Pareil pour MON Ikigaï (qu’on nous sert à toutes les sauces).

Je veux le trouver parce que mon MOI-JE veut être heureux.

(bonjour l’égo-centrisme)

MOI-JE veut se sentir reconnu alors il lui faut une promotion ou des responsabilités.

MOI-JE veut des cours de méditation parce que MOI-JE veut se sentir bien et être pas trop désagréable quand il rentre le soir à la maison.

MOI-JE veut prendre part à des trucs innovants pour se sentir utile.

MOI-JE veut participer à des congrès tech pour se sentir important et poster des photos (souvent moches) sur LinkedIn et Twitter pour qu’on le félicite.

Il est sympa ce MOI-JE, mais franchement y’en a que pour lui.

Si bien qu’à la fin, on en oublie un truc capital.

L’Ikigaï, à la base, c’est une boussole et pas un paradis caché.

C’est à mon sens, ce que veut nous dire cette philosophie japonaise.

Ce n’est pas trouver son Ikigaï (aka job parfait) qui rend heureux.

C’est de le construire.

Et pour le construire, il faut se détacher de son petit MOI & MON BONHEUR PERSONNEL qu’on aime tant.

L’Ikigaï à construire, c’est un peu comme un mur à bâtir.

Y’a pas de plaisir particulier à poser une brique sur un mur.

Et mettre du mortier pour lier chacune d’entre elles… c’est pas non plus du bonheur en barre prêt à consommer.

En revanche, à la fin de la journée, on se sent bien, accompli.

La question, c’est donc plutôt de savoir quel mur on a envie de construire.

Pour ma part, je suis du genre à suivre Newton, avec sa célèbre phrase :

“Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts.” – Newton

Ca tombe bien, les ponts, c’est un petit peu la partie droite de la figure de l’Ikigaï : ce dont le monde a besoin.

Et je pense qu’au fond, c’est un peu ça qui nous fait bore outer, burn outer ou brown outer.

On sait pas trop comment construire des ponts.

On nous apprend pas trop ça à l’école.

Enfin, si on cherche un peu… Si, on sait.

L’entrepreneuriat à impact par exemple.

S’attaquer à un des problèmes du 21ème siècle (plutôt que d’attendre que Papa et Maman, nos chers patrons, ou l’État le fassent pour nous)

Alors oui, je sais, on se sent tout petit face à ces défis immenses.

Mais rappelez-vous, ce n’est pas de terminer le pont qui rend heureux.

C’est le simple fait de le construire.

Un peu comme les Résistants qui, pendant la guerre, n’avaient pas pour but de la gagner à eux tout seuls.

Ils savaient bien qu’en cachant des familles juives ou en faisant exploser des chemins de fer ça ne changerait pas fondamentalement le cours de la guerre.

En revanche, ils s’endormaient en paix avec eux-même, avec le sentiment du devoir accompli.

Ils construisaient leur Ikigaï en commençant par le cadran de droite : ce dont le monde a besoin.

Reste plus qu’à trouver votre pont à construire.

Ca tombe bien, y’en a plein.

Et à en croire tous les élèves qui sortent chaque année des structures d’accompagnement comme Ticket for Change, MakeSens, etc. :

Oui, ça rend heureux.

Et surtout c’est pas si compliqué.

Pour savoir quel pont choisir, y’a pas trente-six-mille-solutions.

Trouver le pont qui vous fait vibrer.

Vous n’avez qu’à vous remémorez la dernière fois que vous avez eu les larmes aux yeux ou la rage au ventre en regardant une vidéo ou en lisant un article.

Trouvez ensuite le groupe de personnes “affamées” qui rêveraient de pouvoir vous soutenir dans votre quête.

Ceux qui, eux aussi, ont eu les larmes aux yeux et la rage au ventre.

Ce sera votre communauté, votre tribu, la grande famille qui sera derrière vous quoi qu’il arrive.

Ensuite, votre boulot ne sera pas de changer le monde à vous tout seul.

Non, votre boulot sera de construire les outils qui LEUR permettront ENSEMBLE de changer le monde (#PowerToThePeople).

Que ce soit en mettant à leur disposition des produits, des services, un projet à financer, du contenu inspirant ou même un job.

Et ils vous en seront réellement reconnaissants.

Si bien qu’ils seront prêts à vous donner en échange argent, temps et énergie.

C’est ce qu’on appelle, en marketing, le tribalisme.

Lorsque qu’un groupe, une tribu, se rassemble autour des mêmes valeurs fortes…

… l’engagement de ses membres n’a pas de limite.

Vous verrez, c’est absolument in-croyable – et terriblement indécent – ce que sont prêts à faire les gens pour vous aider lorsque vous faites quelques chose de grand et beau.

Avec ça, on vient de chatouiller le cadran “Ce pourquoi vous pouvez être payé” de la rosace Ikigaï.

Ça fait déjà pas mal.

Mais attention, dans la pratique, l’Ikigaï n’a rien d’évident pour autant.

Il faut cravacher dur pour que d’autres êtres humains (clients, fans, partenaires) soient prêts à croire dans la faisabilité de notre projet, la réalisation de ce rêve commun.

Il faut leur montrer qu’on les abandonnera pas, et qu’on a les capacités pour relever les défis qui viendront.

On ne change pas le monde en restant dans sa zone de confort.

Ni en cherchant, le cul dans son canapé, une rosace sur la table, ce qui NOUS rendrait heureux.

Pour construire son Ikigaï, faut commencer par se décentrer un peu de son MOI-JE.

Y’a pas de bonheur à porter des briques.

Ikigaï : Le bonheur c’est de mettre ses talents au service des autres.

Le bonheur c’est de construire des ponts.

Et de voir une foule de gens terriblement enthousiastes qui se lève et se rassemble, pour bâtir avec vous le monde de demain.

Parce que oui, l’avenir de nos sociétés est entre nos mains.

Nous ne sommes pas impuissants.

Il suffit d’oser faire le premier pas.

« Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde; en fait, c’est toujours comme ça que cela que ça s’est produit » Margaret Mead

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